
Dans les cours d’écoles, dans les temples, sur les places publiques, aux balcons des ministères, et jusque chez nous, le drapeau haïtien devrait fièrement flotter avec honneur et dignité. Pourtant, trop souvent, il dépérit, comme s’il partageait notre fatigue d’attendre un regard, un geste d’attention.
Il arrive même qu’il ne s’élève plus du tout, laissé à lui-même, usé, sali, ignoré. Parfois, il pend, déchiré par les années, presque translucide, comme si on cherchait à effacer ses couleurs et, avec elles, une partie de notre mémoire collective. Et pourtant, le drapeau n’est pas qu’un simple morceau de tissu. Il est le reflet de notre identité. Il est notre miroir.
Le drapeau haïtien mérite respect et considération. Ce respect commence par chacun d’entre nous, individuellement. Je me rappelle. Lorsque j’étais enfant, chaque fois que le drapeau montait, c’était une évidence : tout s’arrêtait. En classe, dans la cour de récréation ou même en pleine rue.
Une atmosphère solennelle s’installait. Les corps se redressaient, les regards montaient vers lui et un silence empreint de respect enveloppait l’instant. Même un chauffeur, croisant une cérémonie d’élévation du drapeau, ralentissait ou coupait son moteur. Et aujourd’hui ? Les élèves passent sans s’arrêter, les conversations continuent comme si de rien n’était, les chapeaux restent vissés sur les têtes, et les regards sont ailleurs. L’indifférence s’est insinuée dans nos gestes quotidiens. LIRE LA SUITE